L’hypnose ericksonienne a conquis le monde de la thérapie en douceur. Moins directive que l’hypnose classique, elle repose sur l’alliance thérapeutique, l’imaginaire et la suggestion subtile. Elle est aujourd’hui utilisée pour traiter le stress, les phobies, les troubles du sommeil, les douleurs chroniques ou encore les troubles alimentaires.
Mais derrière cette image rassurante se cachent des zones d’ombre rarement abordées. Car oui, même une méthode aussi douce que l’hypnose ericksonienne peut comporter des risques — surtout lorsqu’elle est mal pratiquée, mal comprise, ou mal encadrée.
Voici une analyse complète, fondée sur la recherche scientifique, les retours de praticiens expérimentés… et la réalité clinique.
En bref
L’hypnose ericksonienne, bien que puissante et souvent bénéfique, n’est pas sans risques : faux souvenirs, émotions incontrôlées, dépendance, ou mauvaise gestion par un praticien peu formé.
Les effets secondaires sont rares mais réels, en particulier si la personne présente des troubles psychiques sous-jacents.
Le choix du thérapeute est essentiel : formation sérieuse, supervision, déontologie.
Dans un cadre sécurisé, l’hypnose reste un formidable outil thérapeutique, mais elle ne remplace jamais un suivi médical rigoureux.

Qu’est-ce que l’hypnose ericksonienne et pourquoi suscite-t-elle autant de confiance ?
Développée par le psychiatre américain Milton H. Erickson, cette forme d’hypnose se distingue par son approche souple, respectueuse de l’individu. Le thérapeute guide le patient à travers des métaphores, des suggestions indirectes, des récits symboliques… pour permettre à l’inconscient de trouver ses propres solutions.
Loin de la caricature du “vous dormez…”, l’hypnose ericksonienne agit souvent sans que le patient s’en rende compte, tout en restant maître de l’expérience.
Mais cette puissance douce, justement, soulève des questions : que se passe-t-il quand l’inconscient est mal guidé ? Quand la séance réveille des souvenirs enfouis ? Quand le thérapeute dépasse son rôle ?
Danger n°1 : les faux souvenirs (syndrome des faux souvenirs induits)
En état hypnotique, la suggestibilité augmente fortement. Cela signifie qu’un thérapeute maladroit peut, sans le vouloir, implanter des souvenirs inexacts ou induire de fausses croyances chez la personne.
👉 Ce phénomène a été documenté dès les années 1990, notamment dans le cadre de thérapies mal encadrées concernant des abus supposés.
Source : Loftus, E. F. (1997). “Creating false memories”. Scientific American.
Lien : https://www.scientificamerican.com/article/creating-false-memories/
Un mot mal choisi, une question trop directive, une intention maladroite… et la mémoire peut être modifiée. Le cerveau n’est pas un enregistreur : il reconstruit.
Danger n°2 : réactions émotionnelles incontrôlées
Sous hypnose, certaines personnes peuvent revivre des émotions intenses, parfois issues de traumatismes anciens ou refoulés. Cela peut provoquer :
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Des crises de larmes incontrôlables
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Des états dissociatifs
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Une reviviscence d’événements traumatiques
Si le thérapeute n’est pas préparé à accueillir, contenir et recadrer ces phénomènes, le patient peut ressortir plus perturbé qu’apaisé.
Astuce pro : Avant toute première séance, posez ces questions au thérapeute :
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Avez-vous une formation en psychopathologie ?
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Que faites-vous si une personne revit un trauma ?
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Travaillez-vous en supervision clinique ?
Danger n°3 : dépendance psychologique
L’hypnose peut créer un soulagement rapide, une sensation de contrôle retrouvé, de calme intérieur. Mais cela peut aussi générer une forme de dépendance douce : “je n’y arrive plus sans ma séance”.
Cette dépendance est d’autant plus insidieuse qu’elle se présente comme une solution, alors qu’elle peut freiner l’autonomie émotionnelle du patient.
La bonne approche ? Intégrer des outils d’auto-hypnose, de respiration, ou de gestion émotionnelle, pour rendre le patient autonome.
Un thérapeute responsable enseigne toujours à son patient comment poursuivre le travail sans lui.
Danger n°4 : praticien non formé ou non encadré
L’hypnose n’est pas (encore) une profession réglementée. Cela signifie que n’importe qui peut se dire hypnothérapeute, sans diplôme reconnu, sans supervision, sans code de déontologie.
Les dérives sont nombreuses :
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Hypnose appliquée sans formation clinique
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Utilisation de techniques non validées
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Intrusion dans des sphères intimes sans compétences psychologiques
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Absence de consentement éclairé
Exigez des preuves :
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Formation reconnue (ARCHE, IFHE, ou cursus universitaire en hypnose clinique)
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Adhésion à un organisme professionnel
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Expérience prouvée et recommandations
Danger n°5 : contre-indications médicales
L’hypnose ericksonienne est déconseillée ou à pratiquer avec grande prudence dans les cas suivants :
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Troubles dissociatifs sévères
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Schizophrénie ou troubles psychotiques
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Épilepsie non stabilisée
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Patients sous drogues / psychotropes puissants
Dans ces cas, seul un professionnel de santé formé en hypnose peut intervenir, en lien avec le suivi médical principal.
Faut-il avoir peur de l’hypnose ericksonienne ?
Non, pas si elle est pratiquée dans un cadre éthique, professionnel et bienveillant.
Comme tout outil thérapeutique puissant (médecine, psychothérapie, EMDR…), elle demande des compétences, du respect du rythme du patient, et une supervision régulière.
Ce que vous pouvez faire avant de commencer
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Renseignez-vous sur le praticien (formation, avis, cadre de pratique)
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Posez vos limites dès le départ (thèmes sensibles, durée, rythme)
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Gardez un journal post-séance pour suivre votre évolution et alerter en cas de trouble
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N’hésitez jamais à changer de thérapeute si vous vous sentez mal à l’aise
Le mot clé : confiance et autonomie
L’hypnose ericksonienne peut être un véritable catalyseur de changement. Elle ouvre des portes, libère des ressources, reconnecte à des capacités profondes.
Mais cette puissance demande du discernement. Ce n’est pas une baguette magique, ni une solution miracle. C’est un accompagnement subtil, qui ne devrait jamais remplacer une thérapie de fond quand c’est nécessaire.
Un bon hypnothérapeute vous libère. Un mauvais vous attache.
Article mis à jour il y a 8 mois by Lucie Pedretti

