Pratique hawaïenne ancestrale remise au goût du jour dans le développement personnel, l’Ho’oponopono repose sur quatre phrases simples mais puissantes : Je suis désolé, Pardon, Merci, Je t’aime. Présentée comme un outil de nettoyage intérieur, elle promet paix, libération émotionnelle et transformation.
Mais est-elle toujours sans danger ? Que se passe-t-il quand elle est mal comprise ou mal utilisée ? Voici un décryptage honnête et nuancé 🔍
En bref
L’Ho’oponopono est une pratique spirituelle basée sur le pardon, la gratitude et la responsabilité personnelle.
Elle peut favoriser le lâcher-prise, la paix intérieure et la libération d’émotions anciennes.
Mais mal comprise, elle peut renforcer la culpabilité, provoquer du repli, ou alimenter une pensée magique excessive.
Elle ne remplace ni une psychothérapie, ni une prise en charge médicale.
Utilisée avec discernement, elle peut être un vrai outil de transformation personnelle 🌱
Origine de l’Ho’oponopono : une tradition réinterprétée
À l’origine, Ho’oponopono était une pratique de réconciliation communautaire traditionnelle hawaïenne, utilisée pour rétablir l’équilibre après un conflit familial ou social. Elle se déroulait en groupe, sous la supervision d’un ancien ou d’un guérisseur.
La version moderne a été popularisée par Morrnah Simeona, puis largement diffusée par le Dr Ihaleakala Hew Len et Joe Vitale, dans une version plus “solitaire”, centrée sur le nettoyage des mémoires inconscientes.
C’est cette version simplifiée, résumée à une formule répétée, qui est aujourd’hui la plus répandue… mais aussi la plus sujette aux dérives.
Les bienfaits de l’Ho’oponopono (quand elle est bien utilisée)
✅ Apaisement émotionnel : dire “je suis désolé” ou “je t’aime” en boucle agit comme une forme de méditation répétitive.
✅ Sentiment de libération : en prenant la responsabilité symbolique de tout ce qui nous affecte, on sort du rôle de victime.
✅ Connexion intérieure : les phrases agissent comme des mantras, facilitant un recentrage mental et spirituel.
✅ Pratique simple et accessible : pas besoin de formation, de matériel ou de croyance spécifique.
🧘♂️ Utilisée comme outil de recentrage ou de méditation, elle peut soulager certaines charges émotionnelles, et améliorer le bien-être global.
Les vrais dangers (trop peu évoqués)
❗ Le piège de la culpabilité
L’idée que “tout ce qui m’arrive est ma responsabilité” peut, pour certains, se transformer en culpabilité écrasante.
Si mon enfant est malade ? C’est moi.
Si je perds mon travail ? C’est encore moi.
Si une agression survient ? Je l’ai “attirée” inconsciemment…
Ce raisonnement peut renforcer la honte, l’auto-accusation et empêcher de poser des limites ou de reconnaître les responsabilités des autres.
❗ L’évitement émotionnel
Répéter des phrases pour “effacer” une mémoire peut parfois court-circuiter un processus thérapeutique nécessaire :
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la confrontation à un trauma réel
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l’expression d’une colère légitime
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le besoin d’une vraie mise à distance
💡 L’Ho’oponopono ne doit jamais remplacer un travail psychothérapeutique en profondeur lorsqu’il est nécessaire.
❗ La dépendance à une méthode “magique”
La simplicité de la pratique peut devenir une béquille psychique, voire une forme de pensée magique :
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“Si je répète assez, tout va disparaître.”
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“Je vais nettoyer les problèmes de ma famille sans qu’ils le sachent.”
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“Je peux tout contrôler avec mon mental.”
⚠️ Cela peut provoquer une perte de discernement, voire un isolement émotionnel.
❗ Exploitation commerciale
Comme toute pratique spirituelle à succès, l’Ho’oponopono a été massivement récupérée :
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formations hors de prix, sans cadre déontologique
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livres à contenu très pauvre
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promesses abusives de “guérison” ou de “nettoyage énergétique instantané”
🔍 Toujours vérifier les sources, les intentions et les compétences des personnes qui vous proposent un accompagnement.
Comment pratiquer l’Ho’oponopono avec discernement
✔️ Utilisez-la comme outil de recentrage émotionnel, pas comme baguette magique
✔️ Complétez-la avec d’autres pratiques thérapeutiques (thérapie, hypnose, EMDR…) si besoin
✔️ N’utilisez jamais cette méthode pour nier un problème réel ou une violence vécue
✔️ Faites preuve de douceur envers vous-même : ce n’est pas parce que vous ressentez de la douleur que vous êtes “non nettoyé(e)”
💡 Astuce : associer l’Ho’oponopono à un journal émotionnel ou à une séance de relaxation profonde peut renforcer son impact sans tomber dans l’excès.
Pour qui cette méthode est-elle la plus adaptée ?
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Personnes sensibles en recherche d’un outil de connexion à soi
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Personnes en cheminement spirituel, mais avec ancrage psychique solide
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Ceux qui cherchent un rituel doux pour intégrer le pardon, la gratitude, l’amour de soi
🚫 Elle est à éviter seule chez les personnes :
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en dépression sévère, trouble dissociatif ou psychose
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en situation de trauma non traité
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ayant une tendance au repli spirituel extrême
À retenir
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L’Ho’oponopono est une pratique spirituelle symbolique, pas une solution miracle
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Elle peut faire du bien, si elle est utilisée avec conscience et limites
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Elle peut aussi déséquilibrer si elle devient un refuge pour éviter de vivre, ressentir, affronter
C’est un bel outil… tant qu’il reste un outil. Et non une vérité absolue 🙏
Article mis à jour il y a 8 mois by Lucie Pedretti


